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Le développement de l'âme

Alfred Percy Sinnett
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CHAPITRE XII :
LES ANCIENS MYSTÈRES (3/3)

J'effleure, simplement un problème qui mériterait d'être mieux approfondi ; mais il me suffit d'indiquer ici les motifs très compréhensibles qui rendaient alors circonspects les dépositaires de la science spirituelle. Par l'action de certaines lois naturelles (la Bible y fait clairement allusion dans des passages souvent mal interprétés), la connaissance des possibilités de l'évolution spirituelle entraîne une grande responsabilité. L'homme n'ayant pas encore compris qu'il est en son pouvoir de s'élever, par la pureté de sa vie, à des conditions d'existence supérieures, peut vivre moins vertueusement, sans encourir une grande responsabilité. S'il agit mal, les lois naturelles lui imposeront la souffrance, dans la vie même où il a péché ou dans une autre, s'il fait le bien, tôt ou tard, le bonheur l'en récompensera, qu'il comprenne ou non la loi. Mais si, par des moyens quelconques, il acquiert la connaissance spirituelle, s'il comprend les hautes possibilités de l'être humain, et la loi qui rend certaines lignes de conduite favorables, d'autres au contraire nuisibles au développement spirituel ; et si cet homme, ayant ainsi vu clairement la bonne voie, s'engage ensuite dans la mauvaise, il eût mieux valu pour lui n'être pas éclairé. C'est pourquoi les prêtres d'autrefois, ces sages qui étudiaient les mystères de la Nature et non des rites illusoires, s'abstinrent de répandre imprudemment leur science dans des récipients inaptes à la contenir. Les critiques modernes comprennent mal cette réserve, ils ignorent, en effet, que la religion pourrait être un agent plus puissant qu'elle ne le paraît actuellement. Nos églises ont oublié le véritable esprit de la religion et n'en ont conservé que quelques dogmes d'une apparence brillante et que leur insignifiance même permet de propager ouvertement ; ceux qui y croient peuvent devenir meilleurs ; ceux qui n'y croient pas n'en seront pas plus mauvais, s'ils peuvent en assimiler quelques bons préceptes. Mais les Maîtres des mystères donnaient un tout autre enseignement. Ils avaient à mettre sur la voie du développement occulte les hommes qui en étaient dignes, et mon objet, dans cet ouvrage, est précisément d'expliquer où ce développement peut conduire. Mais si l'on admet déjà qu'il puisse conduire à quelque résultat, on comprendra aussi que le secret des mystères avait sa raison d'être.

      En Egypte, ce secret semble avoir été gardé plus strictement encore – et la plupart des étudiants en occultisme remarqueront combien les mystères égyptiens avaient plus de portée que les reproductions qu'on en faisait en Grèce.

      Sir Gardner, qui recueillit si minutieusement les moindres indices propres à nous éclairer sur les mœurs des anciens Egyptiens et leur vie sociale et religieuse, avoue franchement la peine qu'il eut à se documenter sur les secrets de l'initiation. Il témoigne cependant de l'émotion que ce sujet provoquait dans tous les esprits.

      « La cause principale de l'ascendant qu'ils (les prêtres) exerçaient sur l'esprit du peuple, était l'importance attachée aux mystères, que les prêtres seuls comprenaient parfaitement ; leurs secrets étaient si sacrés, que bien des membres du clergé n'étaient pas admis à y participer. On ne choisissait pour l'initiation que ceux que leurs vertus rendaient dignes d'un tel honneur. Le fait est prouvé par cette attestation de Clément d'Alexandrie : « Les Egyptiens ne confiaient pas leurs secrets à tous et ne dégradaient pas, en le révélant aux profanes, le mystère des choses divines, réservé à l'héritier présomptif du trône et aux seuls prêtres qui excellaient en sagesse et en vertu.
      D'après ce que nous en avons appris, les Mystères se divisaient en Grands et Petits Mystères, et pour être admis dans la catégorie supérieure, il fallait avoir préalablement franchi les grades inférieurs qui, sans doute, se divisaient chacun en dix degrés différents. On exigeait de l'aspirant à l'initiation une réputation pure et intacte, et l'on recommandait aux novices l'étude des préceptes propres à purifier l'esprit et à encourager la vertu. L'honneur de s'élever des petits aux grands mystères était aussi recherché que difficile à obtenir. Celui qui ambitionnait ce grand privilège devait se distinguer par des aptitudes plus qu'ordinaires. Malgré son renom indiscuté de savoir et de moralité, il devait se soumettre aux plus rudes épreuves et les supporter avec une grande résignation morale ; quant au cérémonial consistant à passer sous le glaive de l'hiérophante, c'était simplement l'emblème de la régénération du néophyte.
      Les prêtres seuls avaient le privilège d'être initiés aux grands mystères ; ainsi un prince, fût-il héritier présomptif et membre de l'ordre militaire, ne participait pas à ces secrets importants et n'était pas initié avant son avènement au trône, alors qu'en vertu de son pouvoir royal, il devenait membre du clergé et chef suprême de la religion. »

      « Il est avéré, cependant, que plus tard beaucoup de laïques, entre autres quelques Grecs furent admis aux petits mystères ; mais pour ceux-là mêmes, le stage dans les différents degrés dépendait d'une stricte observance des règles prescrites. »

      La loi qui prescrivait tant de circonspection dans l'enseignement de la haute science se trouva justifiée, au moyen-âge, par un motif entièrement nouveau. Lorsque l'Eglise chrétienne exotérique, devenue un véritable instrument de tyrannie, exerça son redoutable pouvoir contre les séculiers, l'instructeur assez imprudent pour dévoiler la haute sagesse, contenue dans les secrets de l'initiation, aurait couru le risque, non seulement d'augmenter indûment la responsabilité de ses fidèles, mais encore d'être lui-même, condamné au bûcher.

      On conçoit donc qu'en présence d'un tel risque les occultistes du moyen-âge prirent grand soin de voiler les quelques révélations, qu'ils osaient encore faire, sous un symbolisme presque impénétrable.

      Mais la donnée théosophique moderne nous donne la solution de leurs énigmes, et à l'aide de ses lumières nous voyons reparaître la philosophie des anciens mystères dans cette fraternité des Rose-Croix si méconnue et si discutée.




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